Translate

الجمعة، 15 أغسطس 2014

NOTE SUR LES PARLERS ZENAGA

NOTE SUR LES PARLERS ZENAGA
Par André Basset


J’ai profité de mon séjour à Saint-Louis et à Dakar, aux mois de juin et de juillet
1932, pour entendre quelques informations zenaga. Nous avons déjà, pour ces populations
berbérophones, deux études dues au général Faidherbe et à mon père, intéressantes pour
les éléments déjà nombreux de vocabulaire qu’elles contiennent. Ainsi ai-je fait porter
mon effort dans un autre sens et me suis-je attaché à la notation phonétique et surtout à
l’analyse grammaticale ; les quelques 300 noms et 200 verbes que je rapporte me
permettront ainsi de pénétrer plus avant qu’on ne le fait actuellement, dans la
morphologie de ces parlers. En attendant la publication intégrale de mes notes, voici déjà
des conclusions que l’on peut formuler dès maintenant en s’appuyant sur des verbes
fondamentaux.
La phonétique est profondément troublée, ainsi par le passage à la chuintante de
l, s, z brefs, la tendance à la disparition de gh, l’assourdissement caractérisé à la finale et
l’existence d’un r sourd, la dissimilation parfois de –tt- en –nt-, la présence de laryngales,
etc. Ce trouble s’étend à la morphologie quand le son traditionnel d’une désinence se
trouve modifié : ainsi –g-k à la 1ère personne commune du singulier au lieu de –gh, ou
même, par suite d’une altération plus profonde, n’est plus directement saisissable, comme
l’indice –t du fém. sing. dans les groupes –lt et –st aboutissant respectivement à –l et –s.
Mais quelle que soit déjà l’originalité du consonantisme, c’est le vocalisme surtout qui
donne au zenaga sa couleur propre. Le timbre des voyelles est profondément altéré, celui
de la voyelle furtive principalement qui sonne à l’oreille tout autrement que dans les

parlers de l’Afrique du Nord. Plus encore, le système des alternances vocaliques n’existe
plus, pour ainsi dire, qu’à l’état de traces : les types ens, ini ( voir André Basset, La
langue berbère, 1929, parag. 65 , 74) sont particulièrement nets à cet égard. On ne saurait
trop exagérer l’importance de ces dernières perturbations : c’est le système grammatical,
le plus linguistique qui sont menacés.
Au total, le zenaga représente un groupe de parlers berbères profondément
aberrant, et c’est le seul qui le soit. Cette originalité, ce n’est pas du tout, comme on a pu
le croire parfois, à des tendances conservatrices qu’il la doit, mais au contraire à des
tendances évolutives particulièrement prononcées, et quand on considère par exemple le
clavier des sons, si étrange pour un berbèrisant et sans doute moins étrange pour un
africanisant, ces tendances évolutives ne paraissent pas toutes spécifiquement berbères.


source
http://www.vitaminedz.com/articlesfiche/59/59785.pdf

ليست هناك تعليقات:

إرسال تعليق