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الخميس، 7 أغسطس 2014

L’Adrar de Mauritanie

L’Adrar de Mauritanie


1-Cette vaste région de Mauritanie dont la surface est estimée à 215 000 km2 est appelée aussi Adrar occidental. Les principaux centres sont Atar, Chin-guetti (Šingēti) et Ouadane (Wadan). L’Adrar mauritanien occupe la partie méridionale de ce que les géologues ont appelé la « dorsale des Regueibat ». Il est constitué de plateaux bordés de longues falaises de grès et de conglomérats primaires reposant sur le socle antécambrien. Il s’agit des restes d’un immense synclinal primaire qui, vers l’ouest, s’étendait jusqu’à Taoudeni. L’Adrar enserre la double dépression du Makteir au nord et du vaste erg Ouaran au sud-est. Il domine au sud et à l’est, par une côte de grés ordovicien, les pays bas de l’Aouker et du Hodh. Vers l’ouest, une côte semblable donne sur la dépression de l’Amsaga.

L’Adrar de Mauritanie



2-Occupé dès le Paléolithique inférieur (Acheuléen d’El Beyyed, de Ouadan, de la région d’Atar), l’Adrar connut aussi un peuplement important à l’Atérien (Oued Varichi, Tenγarada...) et surtout au Néolithique (vestiges nombreux autour d’Atar, au nord et au voisinage de Zouérate). Les populations néolithiques, sans avoir, semble-t-il, connu le développement quasi urbain de celles de la région de Tichit, plus au sud, subirent plus rapidement les méfaits de l’assèchement. Leurs descendants furent chassés par l’arrivée des « Equidiens », conducteurs de chars dont l’appartenance au stock paléoberbère ne fait guère de doute aujourd’hui.

3-On ne sait si les Bafours* (Bavur), auxquels les Maures attribuent la construction de très nombreux ksours aujourd’hui ruinés et sites diversement aménagés en bordure de falaise, sont les descendants des Néolithiques négroïdes ou des Paléoberbères avant leur islamisation. Certains auteurs voient en eux des populations blanches déjà islamisées mais peut-être kharedjites. Quant aux Gangara (Wangara), ce sont sûrement des populations noires qui occupaient le Tagant avant l’expansion almoravide du XIe siècle. Dans l’ensemble des sites bafours, R. Mauny a reconnu aussi bien des villages authentiquement néolithiques (Tentaïchot, Tinzak...) que des ksours ruinés d’époque médiévale (Tiftelle, Tin Labbe...) ou des habitats d’époque indéterminée dont beaucoup semblent postérieurs au xvie siècle. Ces ruines révèlent, quel que soit leur âge, le recul des populations sédentaires devant le désert et les rezzous maures. Ainsi Azūgi, citadelle « almoravide », fut-elle occupée jusqu’au xviiie siècle.

4-Les premières vagues berbères ont contribué à la fois au peuplement blanc et au développement de l’élevage tandis que les rares oasis de l’Adrar (Ouadane, Chinguetti) continuaient à être cultivées par des Noirs. Ces oasis, surtout Ouadane, ont entretenu des relations régulières avec les cités caravanières du Nord (Sijilmasa, Marrakech) et les vallées des fleuves, Sénégal et Niger, au sud. Cette importance du commerce explique le rôle prépondérant de Chinguetti et des palmeraies d’Atar et de Awjeft.

5-L’islamisation des populations de l’Adrar fut l’œuvre des grandes tribus guerrières berbères, principalement des Lemtūna*, chez qui se forgea le mouvement almoravide*. L’Adrar était entièrement berbérophone et islamisé lorsque les Arabes Beni Ḥassān (ou Doui Ḥassān) firent leur apparition. Cette tribu du groupe Ma’quil était arrivée dans le sud du Maroc au xiiie siècle. Leur migration vers le sud, par infiltration de petits groupes, se fit surtout à partir du xviie siècle et se poursuivit jusqu’à nos jours. Les Awled Bu Sba, d’origine marocaine, refoulés par les Regueibat, occupent l’Adrar, tandis que ces derniers pénètrent au cours des premières années du xxe siècle dans le Tagant et le Hodh.

6-Au xviiie siècle se constitua dans l’Adrar un émirat à l’imitation de ceux établis dans le sud, au voisinage du fleuve Sénégal. Le fondateur en est ‘At-man, un Arabe Hassan dont le commandement s’exerça de 1745 à 1785 ( ?). Ses successeurs, d’abord son frère Lgṛ’ (le chauve) puis son fils Sīdī Aḥmed, s’appuyèrent sur trois tribus Ḥassān, les Awled ‘Ammoni, les Awled Askar et les Awled Qaylan qui étaient, en fait, surtout les derniers, composés d’éléments d’origines diverses, en majorité arabe mais aussi zenaga (berbère). Au cours de la lutte qui opposa Sidi Aḥmed à son oncle, les Awled Qaylan profitèrent de leur rôle prépondérant pour imposer certaines règles de succession des émirs qui furent choisis dans la lignée d’’Atman par une jema’a dans laquelle les Awled Qaylan étaient majoritaires (« Réforme des Trois Mohammed »). L’émirat de l’Adrar étendit, au xixe siècle, son influence vers l’est, entrant dans un long conflit avec les Kunta qui ne s’acheva qu’avec la conquête française au début du xxe siècle. Pendant toute la durée de l’émirat, les tribus Ḥassan continuaient à combattre pour leur propre compte, contribuant ainsi à l’arabisation de plus en plus marquée de l’Adrar.

7-Aujourd’hui, comme dans le reste de la Mauritanie, ces populations sont confondues sous l’appellation de Beyḍan (les « Blancs ») et forment une société très hiérarchisée à la tête de laquelle se situent les descendants des Arabes Beni Ḥassan et les familles maraboutiques, voire chérifiennes, bien que souvent d’origine berbère zenaga ; les ksouriens, noirs, constituent la majorité de la population dont le total est estimé à 55 000 personnes.


Minaret de Chinguetti, Šingeti (photo R. Mauny).


Encyclopédie berbère

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